J’appartiens à un espace en-dehors du temps
Peut-être dans la tête
Peut-être dans le cœur
Ou peut-être dans les deux
Ce qui est sûr c’est qu’une voie les relie entre eux.
J’ai vu ses yeux se mettre à pleurer sans discontinuer
Je l’ai vue pliée en deux et j’ai su ce qui allait se passer
Elle allait m’effacer, elle allait tôt ou tard me renier.
Elle en a mis du temps, mais elle y est arrivée
Et je l’ai vue, sans pouvoir lutter, construire des murs
Pour fortifier son cœur et verrouiller ses pensées.
Je le savais qu’elle me ferait payer.
J’ai frappé à la porte de son cœur,
J’ai essayé par tous les moyens d’y pénétrer.
J’ai utilisé la peur et la douceur,
Bref, les moyens les meilleurs :
Une chanson, une photo, une phrase dite ou écrite
Un endroit partagé, une sensation oubliée.
Mais elle est forte et elle n’a pas plié.
J’ai alors violemment frappé à la porte de son esprit
Mais ses pensées sont aguerries
Et la voie de son cœur à sa tête est désormais démolie.
J’ai hurlé ce que je suis :
Les Bonjour de leurs matins, les À demain de leurs nuits,
Les santiags, les citrouilles, les barbes et autres bises, toutes ces inepties,
Mais rien. Elle n’a rien pris.
Et en entendant mes coups, elle a fermé les yeux,
S’est rappelée de son Je te retourne ton Adieu
Et m’a renvoyé dans les limbes des pensées qui n’appartiennent qu’à eux.
Elle ne veut plus que j’existe, ni dans son cœur, ni dans son esprit
Elle m’a jeté au loin comme cette pierre qu’elle avait achetée pour lui
Elle ne veut plus de moi, elle m’a anéanti.
Je reste là, recroquevillé, au bord de ce chemin brisé
Rempli de leur présence, de leurs échanges, de leurs éclats de rire insensés,
Je reste là juste à la porte, mais je sais qu’elle est très forte.
Elle continue d’avancer, elle ne veut pas se rappeler.
Je suis pourtant un bout de ce qu’elle a été,
Un morceau de sa mémoire,
Une trace de ce qui s’est passé.
Elle croit si sûrement qu’elle peut m’oublier
Mais elle n’a pas compris que malgré sa force, les murs
Et ce terrible adieu,
C’est moi, le souvenir, qui me rappelle d’eux.
©Lily B. FRANCIS
Recueil de poèmes – À l’Univers
Sortie Noël 2017
Joli poème. On voudrait pouvoir effacer les souvenirs qui font souffrir pour ne garder que les meilleurs mais, agréables ou pas, ils sont toujours là, quelque part en nous. Ils ressurgissent sans crier gare.
Bonne journée Lily !
Bisous
Jocelyne
… Souvenir comme les pierres de l’édifice sans relâche nous construisent
Merci pour ce partage
Bon Jour 🙂
Sans relâche oui… belle semaine 😊🌸