Bonjour chers amis et abonnés,
Aujourd’hui nous terminons le voyage des musiques qui m’ont particulièrement inspirée sur l’écriture des relations entre mes personnages.
Après avoir écrit sur Phoebus, Esméralda et Matéo, Billy, je vais aujourd’hui vous parler de Jefferson, l’ex d’Agnès ma princesse machiavélique, qui cache un lourd secret depuis des années !
Mais qui est Jeff ? Voici un extrait du tome 2 des Chroniques d’une princesse machiavélique, qui vous le présente :
Jefferson Kelly était un étrange garçon, mais pour son malheur, personne ne le savait. Sa simplicité naturelle ainsi que sa générosité le rendaient sympathique et lorsque l’on parlait de lui, on disait :
— Jeff ? C’est un mec sympa.
— Jeff, c’est le luron de la bande. On est toujours tordu de rire avec lui.
— Il fait toujours des blagues poilantes ce mec…
— Jeff Kelly, oui, je le connais. Tout le monde connaît ce gars, il est trop cool. Sympa, généreux, solidaire, simple, il se prend jamais la tête. Pff, des mecs pareils, il en faudrait des dizaines pour détendre le string de certains !
Non, personne pour son malheur ne le connaissait vraiment. Peut-être parce qu’il était hypersensible, peut-être aussi parce qu’il avait une personnalité à multiples facettes et qu’il avait peur de perdre ses amis ou qu’ils s’ennuient avec lui. Après tout, depuis le collège, il avait l’étiquette du surfeur blond, gai luron, pitre de la classe. Cancre aussi. Mais cette image lui allait finalement. C’était cool d’être cancre et luron au collège. Ça donnait un genre d’être extraverti.
Et puis, ils avaient tous grandi, mûri, et il n’avait pas réussi à assurer la transition et n’avait plus envie qu’on le voie comme un cancre et un pitre. Mais il ne savait pas comment montrer qui il était au fond de lui, celui qui avait besoin de calme et de s’enfermer pour apaiser ses nerfs à fleur de peau. Il n’arrivait pas à parler de lui de manière sincère. Il pensait qu’il s’agissait certainement d’un excès de pudeur, mais en réalité, il s’agissait de peur et de lâcheté. La peur de se dévoiler, d’être vulnérable, de souffrir aussi bien sûr.
Pourtant il connaissait bien la souffrance.
Cela faisait dix années qu’il souffrait en silence. Depuis qu’Agnès l’avait largué au collège. Et à l’époque, elle ne faisait pas dans la dentelle… D’ailleurs, elle ne faisait toujours pas dans la dentelle, même étudiante dans un cursus de mode. Elle l’avait quitté sans douleur, après un an et demi de bons et loyaux services, avec un grand sourire, ses yeux verts brillant du bonheur de se défaire de lui. Elle l’avait laissé là, sur le carreau, comme si elle venait de se défaire d’un pansement encombrant, ou d’un plâtre à une jambe. Et elle n’avait même pas sourcillé, ne s’était même pas grattée, rien. Elle était comme ça, la petite puce. Égoïste et sans cœur. Il se rappelait juste de cette phrase qui l’avait assommé :
— En fait, Jeff, on est plus amis qu’autre chose, alors autant rester ce pour quoi on est bons. Parce que pour le reste, on est très mauvais, et moi je ne vise que l’excellence. On est bien ?
Et lui avait balbutié piteusement :
— On est bien.
Et il savait que c’était complètement débile de ne pas se remettre de ce premier amour. Il en avait un peu honte aussi. Parce que tous les amours de collège restent justement des amours de collège, des amours d’adolescent dont on se rappelle en riant, en se moquant. D’ailleurs, on aime comment quand on a treize ou quatorze ans ? C’est possible d’aimer de manière cataclysmique ? C’est possible que l’amour détruise, si jeune, le cœur ? C’est normal de pas s’en remettre ?
Je suis pas normal de pas m’en remettre, se disait-il souvent la nuit, quand il pensait à elle.
Pourtant, un premier amour, ça compte, normalement. La preuve en est tous ces poètes qui écrivent dessus, tous ces livres, tous ces “je ne t’oublierai jamais” ou encore ces “tu es mon premier amour, comment t’oublier”? Cela voulait bien dire que même à treize ou quatorze ans, cet amour-là compte.
Et il avait tellement compté pour Jeff qu’il comptait toujours les jours sans elle.
Mais ça non plus, personne ne le savait. Surtout pas Marina, sa petite amie depuis trois ans.
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La première chanson qui représente pour moi les émotions intérieures de Jeff dans cette série est Song to the siren, chanson de Tim Buckley, reprise par This Mortal Coil.
D’ailleurs le titre du chapitre My best to smile qui présente Jeff, est directement inspiré des paroles. Cette chanson représente l’attente, la langueur, le désespoir muet “Here I am, wainting to hold you“, “Did I dream you dreamed about me ?” Cela fait des années qu’il attend qu’Agnès pose les yeux sur lui et réalise qu’il a toujours été présent pour elle. Il lui faudra tout son courage pour faire face à ses sentiments.
Pour l’écouter c’est par ici (ou en cliquant sur l’image) :
La deuxième chanson, est Partons vite de Kaolin.
Je l’ai entendue pour la première fois à la radio dans la voiture. Je conduisais et j’ai posé mes oreilles sur les paroles. J’ai eu une révélation.
Il est dit de nombreuses fois dans les Chroniques que Jeff et Agnès ont gardé cette habitude de danser ensemble durant les fêtes et les soirées. Ils sont partenaires, et elle danse mieux avec lui qu’avec n’importe quel autre de ses amis. J’écoutais donc cette chanson et je voyais et Jeff et Agnès danser, tournoyer, virevolter, et je souriais parce que je ressentais leur bonheur de partager ces moments.
Allez danse, danse, vient dans mes bras,
Allez tourne, tourne, reste avec moi,
Allez Partons vite si tu veux bien, dès le jour,
Le soleil brille très haut tu sais,
Mais j’aime ça, je t’attendrai
Pour Agnès il ne s’agit de rien de plus qu’un instant de joie, elle adore danser. Pour Jeff, c’est bien plus. C’est le moment où il peut la tenir dans ses bras, la voir sourire, l’entendre rire, lui faire du bien. C’est le seul moment où elle pose les yeux sur lui, où elle le considère comme un peu plus que faisant simplement partie de leur bande d’amis. Mais c’est aussi un moment cruel pour Jeff parce qu’il sait qu’elle en aime toujours un autre.
D’abord Phoebus, puis Billy…
évidemment, tu l’aimes encore,
Je le vois bien tu sais, et puis alors?
Mais pour l’instant ferme tes yeux, passe ta main dans mes cheveux.
Cette musique est entraînante mais teintée de tristesse et de nostalgie.
J’ai manqué d’air je m’en souviens,
Toutes ses années sans toi sans rien
Elle est parfaite pour eux.
Pour l’écouter, c’est ici (ou en cliquant sur l’image)
Voilà, le voyage musical se termine sur cet article, j’espère que vous appréciez cette plongée dans mon univers.
La semaine prochaine, je vous présenterai en vrac les autres groupes et les autres moments d’écriture marquants des Chroniques d’une princesse machiavélique.
En attendant, vous pouvez vous procurer les Chroniques d’une princesse machiavélique, en cliquant sur la photo :
Je vous souhaite une très belle journée !
A très vite,
Lily <3